Gestion du mal - être des populations déplacées en temps de crise
La prise en charge psychosocial, un levier pour réduire les VBG
Depuis plusieurs mois maintenant le Bénin, dans sa zone Nord, est sujet à une série d’attaques par des individus armés non identifiés. Ces attaques ont un impact psychosocial important dans les communautés au niveau individuel et collectif. Les personnes concernées par cette crise peuvent perdre leur maison ou leurs proches, être séparées de leur famille et de leur communauté, ou être victimes et témoins de violence, de destruction ou confrontés à la mort. La prise en charge holistique de ces populations pour un relèvement et une résilience complète devient une priorité.
Des déplacés internes et externes en situation de vulnérabilité accrue
On a ainsi constaté avec la communauté de la zone Nord, une augmentation des problèmes sociaux (déstructuration sociale dû aux déplacements importants de population qui minent ultérieurement les liens communautaires, augmentation de la violence basée sur le genre avec un accent sur les violences sexuelles à l’endroit des femmes et des filles), des familles endeuillées qui vivent la détresse psychique avec plusieurs problématiques tels que l’état de déprime, les crises d’anxiété ou un stress post-traumatique. Quant aux victimes indirectes, la peur les maintient dans la difficulté à conduire leurs activités quotidiennes compte tenu des risques sécuritaires qu’ils encourent. Le psychisme de chaque individu de la communauté y compris le personnel de soutien est animé par la terreur, la méfiance, un sentiment d’impuissance, etc. ; cela fait le lit à une détresse psychologique et s’accompagne d’un mal-être profond. Cet état installe chez les sujets la peur, une faible estime de soi, une incapacité à s’affirmer qui renforce l’état de vulnérabilité. Elle constitue une problématique générale qui peut s’aggraver pour ceux et celles qui ne parviennent pas à mettre en place un mécanisme d’adaptation durable.
Ainsi, pour répondre aux besoins de ces populations, il faut entre autres services leur offrir un espace de suivi et d’accompagnement avec un soutien psychosocial adéquat et utile à leur épanouissement.
La célébration de la Journée mondiale de la population a offert un cadre de renforcement de capacités
Pour marquer la célébration de la Journée mondiale de la population, ayant mobilisé une importante partie de l’opinion publique nationale, un atelier de renforcement de capacités en matière de premiers secours psychologiques et des bonnes pratiques de sûreté en situation d’urgence a été organisé au profit des acteurs sociaux et de la santé du département de l’Atacora au regard de la situation sécuritaire qui y prévaut Cet atelier a réuni 31 acteurs (dont 17 femmes) agents de santé (sage-femmes et infirmiers) ainsi que des agents des Centres de Promotion Sociale. Les acteurs retenus doivent en effet faire face à la prise en charge des populations déplacées suites aux attaques de Groupes Armés Non Identifiés, une situation nouvelle ayant un impact psychosocial important. D’où l’urgence d’outiller ces acteurs afin qu’ils puissent œuvrer à l’épanouissement de la population sans nuire à leur intégrité. Animé par une psychologue clinicienne mise à disposition par UNFPA en vue d’appuyer la Direction Départementale des Affaires Sociales et de la Microfinance et la Direction Départementale de la Santé de Atacora, a connu la participation du Directeur Départemental de la Police Républicaine de l’Atacora pour le volet sécurité et du Conseiller Sécurité de l’Agence des Nations Unies pour la Sûreté et la Sécurité. Une communication autour de deux principales thématiques que sont (i)Les bonnes pratiques de sûreté pendant les conflits et (ii) Les premiers secours psychologiques face à une détresse pour les communautés en situation de crise ont meublé l’atelier.
Les témoignages
Représentant Association Béninoise Pour la Famille : “au regard des informations que nous avions eues sur les bonnes pratiques de sûreté, je me suis rendu compte que je me mets souvent en danger lors de mes interventions sur le terrain”. Mme ADAM IMOROU ISSAOU Adjara
Chargé d’écoute au Centre de Promotion Sociale Materi : “je me suis rendu compte que je me laissais facilement emporter par la colère devant certains cas sensibles. Grâce à cette formation j’ai appris quelques astuces pour mieux gérer mes émotions et mieux rassurer les usagers”. Mr GBEDE Norbert
LSA Nord, Local Security Assistant pour la zone Nord du pays : “la sécurité est avant tout une question personnelle et individuele”. Mr FAGNON Sourou Léopold
Le Directeur Départemental de la Police Républicaine : “tous autant que nous sommes, acteurs sociaux ou de la santé nous représentons des soldats sans armes dans nos différentes localités pour garantir la sécurité de tous”. AKODANDE HONMA Richard Codjo.
Très bien apprécié par les participants, l’atelier a comblé un besoin et a répondu à de nombreuses préoccupations. Ceux-ci ont, tous et toutes émis le souhait de pouvoir profiter d’autres initiatives de ce genre afin de fournir les meilleurs services aux populations et en particulier aux déplacés accueillis dans le Département de l’Atacora.