L’Education à la vie de famille, une option pour préserver les « ados et jeunes »
Ces statistiques qui interpellent : Au Bénin, les adolescents et jeunes, les moins de 25 ans, représentent à eux tout seuls près 60% de la population totale et constituent la franche de la population la plus exposée à de nombreux défis et problèmes qui font barrière à leur bien-être et à l’expression de leur plein potentiel. Dans cette tranche d’âge, on compte 3.121.550 jeunes de 6 à 15 ans dont 1.064.116 sont constituées de filles contre 1.168.777 garçons ; ces effectifs sont réduits presque de moitié au secondaire pour tous les élèves soit 959736 élèves mais à près d’un tiers pour les filles soit 372393 filles[1] . La réduction de ces effectifs est liée à plusieurs raisons dont l’une des plus préoccupantes est la question des grossesses précoces. Au cours de l’année scolaire 2016-2017, 3045 cas de grossesses ont été répertoriés sur un effectif de 301821 filles inscrites aux établissements secondaires. Pour 2017-2018, une légère diminution s’est observée, soit 2912 cas de grossesses pour 288181 filles inscrites, le taux restant donc le même soit 1%. Une enquête réalisée sur le VIH et la santé de la reproduction chez les adolescents et jeunes de 10-24 ans a révélé que 45.3% d’entre eux avaient déjà eu leur premier rapport sexuel, 31.5% avant l’âge de 15 ans et 82.2% avant l’âge de 18 ans et seuls 45.5% ont utilisé le préservatif lors du dernier rapport sexuel[2].
Le défi de l’investissement dans l’éducation à tous les niveaux
Il est devenu nécessaire dans une approche holistique et multisectorielle de répondre aux besoins de santé des adolescents et jeunes. Ainsi, le Programme de Renforcement de la Santé Sexuelle et Reproductive des Adolescents et Jeunes au Bénin vise l’amélioration de la santé des adolescents et jeunes en milieu scolaire, universitaire et extra-scolaire. Sa mise en œuvre implique l’intervention de plusieurs parties prenantes dont l’ONUSIDA, l’UNFPA, les ministères sectoriels dont le ministère en charge de la santé, de l’éducation, de l’action sociale, les collectivités locales et les ONGs et autres réseaux de jeunes. L’investissement dans ce secteur est complexe mais les résultats sont encourageants. En effet, plus de 3 millions de béninois sont présents sur le banc de l’école 8 heures par jour, 5 jours sur 7 et 9 mois sur 12 de l’année : des informations correctes fournies par des enseignants avertis pourraient changer des générations.
Un partenariat prometteur
Le projet « Renforcement de la Santé Sexuelle et Reproductive des Adolescents et Jeune au Bénin » est mis en œuvre par le Ministère des Enseignements secondaires et de la Formation professionnelle en partenariat avec l’UNFPA et les ambassades de la Belgique et du Royaume des Pays Bas. Ce programme qui été lancé en 2017 s’inscrit dans le cadre du partenariat entre le Gouvernement du Bénin et ses partenaires : l’UNFPA, l’Ambassade du Royaume des Pays Bas, l’ONUSIDA. Dans sa mise en œuvre les réalisations permettent (i)de contribuer à l’amélioration des connaissances et des compétences en santé sexuelle et reproductive des jeunes et des adolescents par une éducation à la santé sexuelle (ii) de contribuer à l’amélioration de l’offre de services de santé sexuelle et reproductive y compris la lutte contre le VIH aux besoins des adolescents et jeunes dans 20 Infirmeries universitaires ; (iii) de renforcer les capacités institutionnelles nationales pour la coordination de la mise en œuvre de la stratégie nationale multisectorielle SRAJ/VIH. Ainsi, l’année 2018 aura été marquée par la mise en route de la phase expérimentale de l’intégration de modules sur l’éducation à la santé sexuelle dans les programmes d’enseignement au niveau national. 140 établissements, de la maternelle au secondaire sont concernés par cette phase ; 999 enseignants ont été formés et 160.000 élèves et écoliers ont suivi ces modules. Pour assurer la pérennisation des actions, l’Education à la santé sexuelle a été intégrée dans la formation initiale des enseignants dans 03 écoles normales supérieures et 6 écoles normales d’instituteurs.
L’éducation à la santé sexuelle, une stratégie rentable.
L’UNFPA a choisi d’appuyer le gouvernement dans l’investissement dans l’éducation en matière de santé sexuelle et reproductive en introduisant les concepts de santé sexuelle et reproductive dans les programmes de formation depuis la maternelle jusqu’à la fin du secondaire. De même, un guide pour faciliter le dialogue parent enfant sur les questions de sexualité et de reproduction est mis à la disposition des parents. L’investissement dans le domaine de l’éducation coûte cher mais les gains durent longtemps et impactent les générations entières. Ainsi donc, selon une étude réalisée en 2017, un investissement 4.6 $ par an et par personne en santé mentale, physique et sexuelle des adolescents de 10-19 ans pourrait contribuer à éviter 12 millions de décès et prévenir 30 millions de grossesses non désirées parmi les adolescentes[3].