Lutte contre la mortalité maternelle et infantile : Des sage-femmes compétentes pour des familles épanouies
Au Bénin, le taux d’accouchement assisté par du personnel qualifié est de 80,8% (Enquête MICS 2021-2022) et le taux de mortalité maternelle est de 391 décès pour 100.000 naissances vivantes. C’est pour relever le taux d’accouchement assisté et en vue de réduire substantiellement le ratio de mortalité maternelle que le Fonds des Nations Unies pour la Population dans sa démarche d’accompagnement des efforts du gouvernement du Bénin a initié de renforcer le système de santé sur différents aspects.
Améliorer de la formation initiale des sage-femmes par l’approche mentorat clinique
Depuis 2008, le Fonds des Nations Unies pour la Population UNFPA appuie la pratique de sage-femme dans le cadre de l’accélération de la réalisation des trois résultats transformateurs et pour l’atteinte des ODD. Selon les normes de l’OMS, il faut une sage-femme pour 5000 femmes en âges de procréer (15-49 ans). Il est encore difficile pour nos pays d’attendre ce standard. En attendant de doter le pays de centres de formation de qualité ayant des capacités d’éducation et de formation, théorique et pratique solides afin de répondre aux besoins en Santé Maternelle Néonatale et Infantile par la production de professionnels de santé compétents le Bénin a mis en place plusieurs dispositifs. Il y a eu d’abord les supervisions formatives, les formations/recyclages en cours théoriques et pratiques, le tutorat et ensuite le positionnement dans les maternités des infirmières brevetées et infirmières diplômées d’Etat en complément aux sage-femmes. Ces expériences bien que utiles n’ont pas comblées toutes les attentes. Le mentorat clinique a été donc institué pour que les structures de santé SONU disposent de personnel qualifié en nombre suffisant.
Le Mentorat Clinique des Sage-Femmes, une approche innovante pour améliorer la santé maternelle
D’ici 2030, selon les projections, la population du Bénin augmentera de 54 % pour atteindre 15,5 millions d’habitants. Pour parvenir à un accès universel aux soins de santé sexuelle, reproductive, maternelle et du nouveau-né, les sage-femmes devront fournir des prestations pour répondre aux besoins de 0,6 million de femmes enceintes par an d’ici 2030, dont 59 % en milieu rural. Ainsi, depuis 2019 l’UNFPA avec l’Agence Nationale des Soins de Santé Primaires (ANSSP) à travers la Direction des soins infirmiers et obstétricaux (DSIO) avec l’appui technique et financier du Projet SWEDD-Bénin de Banque mondiale organise une série de formations et de renforcement de capacités et de compétences des sage-femmes formatrices des mentors a été initiée en vue d’améliorer les prestations des sage-femmes et infirmières ciblées en soins maternels et néonatals. En d’autres termes, cette approche novatrice permet de trouver des solutions durables et pratiques aux insuffisances notées dans la formation de base des sage-femmes et de renforcer les connaissances, aptitudes et pratiques des prestataires en vue d'améliorer la qualité des soins obstétricaux et néonatals pour atteindre la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelles, néonatales et infantiles. Pour mettre en œuvre cette initiative plusieurs acteurs ont été mis à contribution à savoir les sage-femmes, les enseignants chercheurs et les consultants nationaux et internationaux.
Le mentorat clinique des sages –femmes est une stratégie devenue régionale qui s’est étendue à la Cote d’Ivoire, le Burkina, la Mauritanie, la Guinée, le Mali, le Niger, le Tchad) ; son but principal est de pallier aux insuffisances notées au niveau de la formation de base et renforcer les connaissances, aptitudes et attitudes des sage-femmes en vue d’améliorer la qualité et la mise en œuvre des soins de maternité respectueux (SMR) dans les formations sanitaires et en particulier des soins obstétricaux et néonatals.
Des sage-femmes mieux outillées dans les 12 départements
Au départ de la mise en œuvre et de l’implantation de cette approche en 2019, 3 départements dont les maternités présentent de faibles indicateurs que sont Atlantique –Littoral-Zou (enquête SARA 2018) étaient concernés. Aujourd’hui les 12 départements sont impactés avec 194 sage-femmes mentors et 600 mentorées sur toute l’étendue du pays. Les formateurs de cette initiative sont des enseignants des deux écoles de formation des sage-femmes du pays. Ils sont entre autres Gynécologues, pédiatres, expert en genre, expert en LMG (Leadership Management et Gouvernance), sage-femmes. Les thématiques qui constituent le socle de cet enseignement sont i) Genre et Développement, ii) Ethique et déontologie, iii) SONU/PF/SRAJ, SAA, SMR, iv) Accouchement, v) HBB.
Cette approche de transfert de connaissances et de compétences a ceci de particulier qu’elle est opérationnalisée dans un contexte de valorisation de la culture d’apprentissage sensible aux besoins de performances exprimés, au genre et à la diversité. Ce mode opératoire facilite le renforcement des acquis de la formation, la complétude de la pratique professionnelle avec un focus sur l’amélioration des habiletés de gestion et de prise en charge des clients.
L’implémentation du mentorat clinique, au- delà des questions professionnelles a créé une forme de socialisation et une meilleure collaboration entre les collègues de même génération/promotion voire de différentes générations.
Relever les défis pour une durabilité et la pérennisation de l’approche
L’investissement dans le mentorat clinique reste un défi majeur à relever. Selon le Professeur Aguèmon, « Face aux défis démographiques, sanitaires et à la couverture universelle en santé, il est capital d’investir dans le mentorat clinique des sage-femmes qui est une précieuse initiative permettant d’atteindre le niveau de qualification optimale des soins offerts aux populations en particulier le couple mère – enfant ». A ce défi, s’ajoutent l’élaboration du guide du mentorat clinique (Guide du formateur et guide de l’apprenant) et celui de l’acquisition d’équipements didactiques, informatiques et modèles anatomiques.